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Le sujet était au centre de la table ronde vendredi dernier à Yaoundé entre Christine Lagarde et les ministres de l’Economie et des Finances de la CEMAC.
La problématique du financement des infrastructures dans un contexte de forte baisse des cours du pétrole et des recettes budgétaires était au cœur de la table ronde qui a rassemblé le vendredi 8 janvier 2016 à Yaoundé, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et les ministres de l’Economie et des Finances de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Pour la patronne du FMI, la réalisation continue de grands programmes d’infrastructures a mis en évidence des tensions budgétaires. Car selon les estimations, le déficit budgétaire combiné de la CEMAC se serait creusé à 6,5% du PIB en 2015, et seule une modeste am├®lioration est pr├®vue en 2016. Face ├á cette nouvelle r├®alit├®, il faut, dÔÇÖapr├¿s elle, tracer un nouveau chemin pour la prosp├®rit├®. Christine Lagarde soutient dans cette perspective que les politiques n├®cessaires pour assurer une croissance forte et inclusive au sein de la CEMAC doivent ├¬tre structur├®es autour de trois priorit├®s : d├®penser mieux, percevoir davantage et mobiliser la r├®gion dans son propre int├®r├¬t.

Concr├¿tement, il faut proc├®der ├á la s├®lectivit├® dans le d├®veloppement des infrastructures, en se basant sur leur bien-fond├® ├®conomique et leur rentabilit├®. En outre, en empruntant, il faudrait faire appel aux sources de financement concessionnelles pour pr├®server la viabilit├® de la dette ├á moyen terme.

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Sur la deuxi├¿me priorit├® – percevoir davantage -, Christine Lagarde propose, pour att├®nuer les tensions budg├®taires, de mieux mobiliser les ressources int├®rieures, en allant au-del├á du niveau indicatif r├®gional de 17% du PIB. On peut y arriver souligne ÔÇô t ÔÇô elle “en r├®duisant lÔÇÖutilisation g├®n├®ralis├®e des exon├®rations fiscales et douani├¿res discr├®tionnaires dans la r├®gion. Et en am├®liorant la coordination et la coop├®ration intergouvernementales en mati├¿re de politique fiscale”.

Troisi├¿me priorit├®, mobiliser la r├®gion dans son propre int├®r├¬t, car le commerce intracommunautaire repr├®sente seulement 3% des ├®changes commerciaux de la CEMAC. Il faut donc agir sur deux fronts : le climat des affaires ├á am├®liorer, et lÔÇÖint├®gration r├®gionale ├á renforcer. Apr├¿s ces propos de la directrice g├®n├®rale du FMI, les autorit├®s de la CEMAC ont r├®agi ├á travers le ministre du Plan et de lÔÇÖInt├®gration du Congo, L├®on Rapha├½l Mokoko, leur porte-parole. De son intervention, on retiendra que pour relever les d├®fis auxquels ils sont confront├®s, les pays de la CEMAC mettent lÔÇÖaccent sur la diversification des sources de croissance hors p├®trole. Il est question de d├®velopper les secteurs agricole, de lÔÇÖ├®levage et des services, rattraper les insuffisances dans les infrastructures, ├®largir lÔÇÖassiette fiscale ├á travers une fiscalisation optimale du secteur informel et la rationalisation des r├®gimes fiscaux incitatifs, am├®liorer le cadre de gestion des finances publiques, am├®liorer le climat des affaires,  s├®curiser les recettes fiscales, mettre en place des codes des  investissements attractifs, etc.

Dans son propos introductif ├á la table ronde, le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, a indiqu├® que dans un contexte de ralentissement de la croissance, au moment crucial o├╣ nos pays ont engag├® de v├®ritables plans de d├®veloppement bas├®s sur la r├®alisation des infrastructures et la conduite des r├®formes structurelles, se pose lÔÇÖ├®pineuse question du financement. Occasion pour lui de soulever plusieurs questions tout en esquissant des r├®ponses :  les ressources propres sont-elles ├á m├¬me dÔÇÖassurer la couverture de ces d├®penses dÔÇÖinvestissements ? Assur├®ment non. LÔÇÖacc├¿s aux ressources concessionnelles est-il suffisant ? Point du tout. Le recours aux march├®s des capitaux est-il la solution ? Les conditions ont bien chang├®. Le financement mon├®taire est-il la solution alternative ? A court terme, dans une certaine mesure. Toutes ces questions nous renvoient ├á notre mod├¿le ├®conomique et financier, a poursuivi Alamine Ousmane Mey. Quel endettement permettrait d├¿s lors de poursuivre la marche vers lÔÇÖ├®mergence en veillant ├á la viabilit├® et ├á la soutenabilit├® de la dette ? Quel cadre de surveillance prendrait en compte de mani├¿re judicieuse les risques nouveaux ? Quelle place occuperait le secteur priv├® dans le cadre des partenariats-public-priv├® ? SÔÇÖest encore interrog├® le ministre des Finances avant de passer la parole ├á la patronne du FMI.

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