
Le Projet de Loi de Finances 2026, élaboré conformément aux orientations présidentielles et déposé à l’Assemblée Nationale ce 26 novembre 2025, prévoit une hausse significative des ressources et des dépenses, tout en introduisant des réformes structurelles majeures. Malgré un contexte économique mondial incertain, le Cameroun réaffirme sa détermination à moderniser ses finances publiques et à soutenir l’emploi des jeunes et l’autonomisation des femmes.
Un contexte économique contrasté, entre incertitudes mondiales et dynamique régionale
À l’international, l’économie mondiale continue d’évoluer dans un environnement instable, marqué par des chocs géopolitiques, économiques et sanitaires. Selon les projections, la croissance mondiale s’établirait à 3,1 % en 2026, en léger recul par rapport à 3,2 % en 2025 et 3,3 % en 2024. Ce ralentissement global résume les turbulences qui affectent plusieurs économies dans le monde.
Dans la zone CEMAC, la tendance est différente. Après un léger ralentissement observé en 2025, l’activité devrait s’accélérer pour atteindre 3,3 % de croissance en 2026, contre 2,6 % en 2025. Cette progression montre un redressement économique encourageant en Afrique centrale, porté notamment par la reprise de certains secteurs productifs et des investissements infrastructurels.
Au Cameroun, la croissance économique s’améliorerait également pour atteindre 4,3 % en 2026, contre 3,9 % estimée en 2025. Cette performance serait soutenue par le secteur non pétrolier, qui continue d’afficher de bons indicateurs dans l’industrie, l’agriculture, les télécommunications et les services financiers. En revanche, le secteur pétrolier connaîtrait une légère contraction de –0,1 %. L’inflation, elle, reculerait à 3,0 % en 2026, après 3,2 % en 2025, traduisant un meilleur contrôle des tensions sur les prix.
8 816,4 milliards FCFA : un budget 2026 en nette progression.
Le budget de l’État pour 2026 s’équilibre en ressources et en emplois à 8 816,4 milliards de FCFA. Il enregistre ainsi une hausse de 1 080,5 milliards (+14 %) par rapport à l’exercice 2025. Le budget général, qui représente la plus grande part, est projeté à 8 683,9 milliards de FCFA, soit +1 014,9 milliards (+13 %) comparé à 2025 où il se situait à 7 669,0 milliards. Les Comptes d’Affectation Spéciale (CAS), qui regroupent les budgets dédiés à des projets et secteurs spécifiques, sont estimés à 132,5 milliards de FCFA, contre 66,9 milliards en 2025, soit une augmentation de 65,6 milliards (+98,1 %). Cette forte progression reflète une volonté de mieux doter certains mécanismes de financement ciblés.
Des recettes internes en hausse, une économie diversifiée pour soutenir la résilience.
Les recettes internes de l’État sont évaluées à 5 887,0 milliards de FCFA, en hausse de 452,2 milliards (+8,3 %) comparé à 2025. Elles se répartissent en quatre grandes composantes. Les recettes pétrolières et gazières sont estimées à 523,7 milliards de FCFA, un niveau prenant en compte les fluctuations des marchés. Les recettes fiscales et douanières, principales sources de revenus, s’élèvent à 4 889,5 milliards de FCFA, traduisant la contribution déterminante de l’impôt et du commerce extérieur. Les recettes non fiscales, composées notamment des revenus des services et du patrimoine de l’État, atteignent 400,0 milliards. Enfin, les dons, issus de partenaires techniques et financiers, sont projets à 73,8 milliards de FCFA.
Cette structure montre que le Cameroun s’appuie sur une base de financement majoritairement domestique et diversifiée, avec un rôle central de la fiscalité et des douanes, tout en conservant une contribution, même modérée, des revenus pétroliers et des dons extérieurs.
Plus de 2 026 milliards d’investissements pour renforcer les infrastructures.
Les dépenses budgétaires hors principal de la dette s’élèvent à 6 210,5 milliards de FCFA, soit une augmentation de 564,2 milliards (+10 %) par rapport à 2025. Le budget 2026 maintient les efforts en matière d’investissements. Les dépenses d’investissement public atteignent 2 026,3 milliards de FCFA, traduisant la priorité accordée aux projets structurants dans les routes, l’énergie, l’agriculture et les industries. À titre d’illustration, 50 milliards de FCFA sont prévus pour les biens et services, 54 milliards de FCFA pour les investissements directs dans les voieries urbaines et l’appui à la
SODECOTON, tandis que 11 milliards financent les subventions et transferts à fort impact socio-économique.
Les dépenses de personnel s’établissent à 1 625,4 milliards, mais connaissent une réduction de 20 milliards par rapport au budget initial, traduisant l’effort de rationalisation. Les investissements extérieurs sont réajustés à la baisse de 65 milliards, dans un contexte de priorisation interne.
Un besoin de financement de 3 104,2 milliards FCFA : une mobilisation maîtrisée des ressources.
Le budget 2026 affiche un solde global déficitaire de 631,0 milliards de FCFA, contre 309,9 milliards en 2025. Cette évolution traduit un besoin additionnel de financement de 327,1 milliards. En prenant en compte toutes les charges de financement, le besoin total de financement de l’État pour 2026 est estimé à 3 104,2 milliards de FCFA, contre 2 326,5 milliards en 2025, soit une augmentation de 777,5 milliards.
Pour couvrir ces besoins, le Gouvernement prévoit de mobiliser plusieurs sources complémentaires. Les tirages sur prêts-projets sont évalués à 826,7 milliards, l’émission de titres publics sur le marché régional à 400,0 milliards, tandis que le financement bancaire intérieur contribuerait à hauteur de 589,7 milliards. Les appuis budgétaires des partenaires sont estimés à 120,0 milliards, les financements exceptionnels à 167,8 milliards, et un nouvel emprunt extérieur serait levé pour un montant de 1 000 milliards de FCFA.
50 milliards FCFA pour les femmes et les jeunes : un signal fort de responsabilité sociale.
En droite ligne des engagements du Chef de l’État, le budget 2026 crée un Fonds Spécial pour l’autonomisation économique des femmes et la promotion de l’emploi des jeunes, doté de 50 milliards de FCFA. Cette décision illustre la volonté du Gouvernement de renforcer l’inclusion sociale, soutenir l’entreprenariat et favoriser l’employabilité dans un environnement économique en mutation.
Des réformes pour une meilleure gouvernance et plus d’efficacité.
Le Projet de Loi de Finances 2026 apporte d’importantes innovations visant à améliorer la gestion publique. Les chapitres communs sont supprimés et remplacés par trois dotations dédiées aux dépenses accidentelles et imprévisibles, désormais logées au MINFI pour le fonctionnement et au MINEPAT pour l’investissement. Un changement du mode de présentation budgétaire est introduit pour certaines institutions de souveraineté, désormais libellées en dotations.
Par ailleurs, le Fonds de reconstruction des régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est éclaté en deux fonds distincts, pour une meilleure efficacité dans l’allocation et le suivi. Le budget 2026 prévoit également l’application intégrale de la nomenclature budgétaire de l’État, renforçant la lisibilité, la transparence et la cohérence des opérations financières publiques.
Une ambition claire : stabilité, performance, inclusion et développement.
Malgré un contexte mondial encore fragile, le budget 2026 traduit l’ambition du Cameroun de renforcer sa souveraineté économique, améliorer la gouvernance publique, accélérer la modernisation des secteurs stratégiques, tout en gardant un cap social prioritaire. Il s’inscrit en cohérence avec les engagements de convergence de la CEMAC et la mise en œuvre efficace de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30).
Dans cette dynamique, le Ministère des Finances réitère son engagement pour une gestion rigoureuse, transparente et responsable des ressources publiques, au service du progrès économique et du bien-être des populations au Cameroun.